KAFE POLITIKA – 11 ème édition : « Quel avenir pour Madagascar après le scrutin du 16 novembre ? »5 min read
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- Date janvier 24, 2024
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Afin de discuter du possible avenir de Madagascar à la suite du scrutin présidentiel, l’Institut d’Études Politiques de Madagascar (IEP) a organisé une 11ème édition du Kafé Politika, le 8 décembre dernier, avec deux intervenants de grosse-pointure. Deux personnages bien connus étaient au micro, à savoir Madame Gaëlle BORGIA, journaliste d’investigation et correspondante de presse pour e France 24 ou Arte, ainsi que le Professeur Solofo Randrianja, directeur de l’école doctorale de l’IEP Madagascar, dont les travaux se focalisent sur l’histoire de Madagascar.
Dans son intervention, Gaëlle BORGIA, adoptant une approche pragmatique, a souligné l’impossibilité de prévoir l’avenir face à la diversité des scénarios qui échappent à nos capacités de prédiction. Elle a toutefois observé que les signes de la victoire d’Andry Nirina Rajoelina étaient déjà manifestes, mais que le collectif ainsi que le FFKM ont réagi trop tard. En conséquence, le candidat a remporté les élections sans engager de négociations, et la communauté internationale s’est contentée de prendre acte des résultats électoraux, laissant ainsi à Rajoelina le pouvoir de résoudre les problèmes internes du pays. De plus, il semble probable que ce second mandat ne soit pas le dernier, une perspective qui peut susciter la révolte.
Bien que cela puisse être source de frustration, la population craint de s’exprimer de peur de subir des répercussions ingérables, une réalité constatée dans de nombreux cas actuels dans le pays. Malgré l’approche terre-à-terre de Madame Gaëlle BORGIA, elle partage l’analyse de l’autre intervenant, même si celle-ci aborde un domaine un peu plus théorique que pratique
Le Professeur Solofo RANDRIANJA, adoptant une approche génétique pour comprendre la situation actuelle, analyse les crises successives à Madagascar en les reliant à un problème systémique hybride. Il souligne le conflit entre le concept de “fihavanana” ou citoyenneté malgache et les influences étrangères telles que la démocratie, la notion de développement, issues de la colonisation française et de la mondialisation. Selon lui, les crises récurrentes témoignent d’une quête de stabilité dans le pays en vue de son développement. Cependant, elles révèlent également une crise plus profonde enracinée dans le système hybride malgache, où aucun président n’a réussi à obtenir une légitimité sacrée.
Le Professeur RANDRIANJA souligne que le système hybride conduit à des pratiques malgaches considérées comme dépassées dans l’informel, avec une population partagée entre l’ignorance et l’instruction, cette dernière percevant le système libéral comme “la solution”. En réalité, il est nécessaire de trouver un juste milieu dans le système malgache, un processus qui demande du temps.
Malgré leurs approches légèrement différentes de la situation, tant Gaëlle BORGIA que le Professeur Solofo RANDRIANJA s’accordent sur la nécessité de développer l’éducation pour permettre l’émancipation de la société civile, des lanceurs d’alerte et d’autres acteurs sociaux. Ils soulignent que la clé de résolution de la crise réside dans la politisation de la jeunesse malgache.